Chargement en cours

La digitalisation de l’Afrique : un levier de transformation et de développement durable, selon Stéphane Soh Fonhoué

La digitalisation en Afrique, selon Stéphane Soh Fonhoué

L’Afrique est un continent en pleine mutation, qui connaît une croissance économique, démographique et sociale soutenue. Mais cette dynamique est aussi confrontée à de nombreux défis, tels que la pauvreté, les inégalités, le changement climatique ou les conflits. Pour relever ces défis et réaliser son potentiel, l’Afrique doit accélérer sa transition vers une économie numérique, qui offre des opportunités de transformation et de développement durable, note Stéphane Soh Fonhoué.

Qu’est-ce que la digitalisation ?

La digitalisation désigne l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour améliorer les processus, les produits et les services dans tous les secteurs d’activité. La digitalisation repose sur des infrastructures (réseaux, terminaux, plateformes), des applications (logiciels, applications mobiles, intelligence artificielle) et des usages (e-commerce, e-gouvernement, e-santé, e-éducation…).

La digitalisation a un impact positif sur la productivité, la compétitivité, l’innovation, l’inclusion et la durabilité, explique Stéphane Soh Fonhoué. Elle permet de créer de la valeur ajoutée, de réduire les coûts, d’améliorer la qualité, d’élargir l’accès aux services, de renforcer la participation citoyenne et de préserver l’environnement.

Stéphane Soh Fonhoué parle de l’état de la digitalisation en Afrique

L’Afrique a connu une progression fulgurante de la diffusion des TIC au cours des dernières années, portée principalement par la téléphonie mobile. Selon la GSM Association (rapport sur l’économie du secteur mobile en Afrique subsaharienne de 2017), l’Afrique subsaharienne comptait à elle seule 420 millions d’abonnés uniques en 2016, soit un taux de pénétration de 43%. Selon les projections, ce taux atteindra les 50% en 2020, avec 535 millions d’abonnés en Afrique subsaharienne et 725 millions pour tout le continent. Selon Stéphane Soh Fonhoué, l’Afrique deviendra alors le deuxième marché mondial en nombre d’usagers.

Voici une vidéo relatant les opportunités de la digitalisation en Afrique :

Le nombre de smartphones a également augmenté de façon exponentielle, passant de moins de 200 millions en 2016 à plus de 500 millions en 2020. Ces appareils permettent d’accéder à internet et à une multitude d’applications numériques dans divers domaines. Selon le rapport Dynamiques du développement en Afrique 2021 de l’OCDE, le nombre d’utilisateurs d’internet en Afrique est passé de 167 millions en 2010 à 522 millions en 2019, soit une croissance annuelle moyenne de 18%. Le taux de pénétration d’internet est toutefois encore faible par rapport à la moyenne mondiale (39% contre 53% en 2019).

L’Afrique a également vu émerger un écosystème numérique dynamique, composé d’entrepreneurs, d’innovateurs, d’incubateurs, d’investisseurs et de partenaires publics et privés, confirme Stéphane Soh Fonhoué. Selon le rapport L’Afrique passe au numérique du FMI, le continent comptait plus de 600 hubs technologiques en 2019, contre moins de 200 en 2015. Ces hubs soutiennent le développement de solutions numériques adaptées aux besoins locaux, notamment dans les secteurs de la finance (fintech), de la santé (e-santé), de l’éducation (e-éducation), de l’agriculture (e-agriculture) ou du commerce (e-commerce).

Quels sont les bénéfices de la digitalisation pour l’Afrique ?

La digitalisation offre des opportunités majeures pour accélérer la transformation et le développement durable du continent africain. Elle peut contribuer à :

  • Renforcer la croissance économique : selon une étude du McKinsey Global Institute, le numérique pourrait représenter jusqu’à 10% du PIB africain d’ici à 2025, contre 5% actuellement. La digitalisation peut stimuler la productivité des entreprises, favoriser l’émergence de nouveaux secteurs d’activité, créer des emplois qualifiés et augmenter les revenus des populations.
  • Améliorer l’inclusion sociale : la digitalisation peut réduire les inégalités d’accès aux services essentiels, notamment pour les populations rurales, les femmes et les jeunes, note Stéphane Soh Fonhoué. Elle peut également renforcer la participation citoyenne, la transparence et la gouvernance. Par exemple, le e-gouvernement permet de simplifier les démarches administratives, de lutter contre la corruption et de renforcer la confiance des citoyens.
  • Promouvoir la durabilité environnementale : la digitalisation peut aider à préserver les ressources naturelles, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter au changement climatique. Elle peut également soutenir la transition vers les énergies renouvelables, qui sont abondantes et peu coûteuses en Afrique. Par exemple, le e-agriculture permet d’optimiser l’utilisation de l’eau, des engrais et des pesticides, de réduire les pertes post-récolte et d’améliorer la sécurité alimentaire.
digitalisation-afrique-1-1024x778 La digitalisation de l'Afrique : un levier de transformation et de développement durable, selon Stéphane Soh Fonhoué

Stéphane Soh Fonhoué présente les défis et les enjeux de la digitalisation en Afrique

La digitalisation en Afrique n’est pas sans risques ni obstacles. Elle implique des défis et des enjeux majeurs, qui nécessitent une action coordonnée des acteurs publics et privés. Parmi ces défis et enjeux, on peut citer :

  • Le développement des infrastructures numériques : malgré les progrès réalisés, l’Afrique souffre encore d’un déficit d’infrastructures numériques, notamment en termes de couverture, de qualité, de coût et de sécurité des réseaux. Selon le rapport Afrique – Digitalisation de l’Afrique : enjeux juridiques et fiscaux de Deloitte, il faudrait investir entre 100 et 150 milliards de dollars sur 10 ans pour combler ce déficit. Cela implique de mobiliser des financements publics et privés, de renforcer la concurrence et la régulation du secteur des télécommunications, et de développer des solutions innovantes, telles que les réseaux communautaires ou les ballons stratosphériques, indique Stéphane Soh Fonhoué.
  • La formation des compétences numériques : la digitalisation requiert des compétences numériques adaptées aux besoins du marché du travail et de la société. Or, l’Afrique fait face à une pénurie de ces compétences, qui limite sa capacité à innover et à se positionner dans l’économie numérique mondiale. Selon le rapport L’importance de la digitalisation pour l’Afrique de Wayeno, il faudrait former 20 millions de développeurs d’ici à 2030 pour répondre à la demande du continent. Cela implique de réformer les systèmes éducatifs, de promouvoir l’apprentissage tout au long de la vie, d’encourager la diversité et l’égalité des genres dans le secteur numérique, et de renforcer la coopération entre les acteurs académiques, économiques et sociaux.
  • La protection des données personnelles : la digitalisation entraîne une production massive de données personnelles, qui peuvent être utilisées pour améliorer les services, mais aussi pour surveiller, manipuler ou discriminer les individus. L’Afrique doit donc se doter d’un cadre juridique et institutionnel adapté pour garantir le respect du droit à la vie privée, le consentement éclairé, la sécurité et la portabilité des données. Elle doit également renforcer ses capacités en matière de cybersécurité, pour prévenir et réagir aux cyberattaques qui menacent l’intégrité des systèmes numériques.
  • La fiscalité du numérique : la digitalisation pose des défis majeurs pour la fiscalité internationale, qui repose sur le principe de territorialité. En effet, les entreprises numériques peuvent réaliser des profits dans un pays sans y avoir une présence physique significative. Cela entraîne une érosion de la base fiscale et un transfert des bénéfices vers des pays à faible imposition. L’Afrique doit donc participer activement aux discussions internationales sur la fiscalité du numérique, afin de défendre ses intérêts et d’assurer une répartition équitable des droits d’imposition.

Laisser un commentaire