L’Équation Financière Africaine : Stéphane Soh Fonhoué Souligne l’Urgence de la Mobilisation des Recettes Fiscales pour un Développement Durable
L’Afrique est un continent aux multiples visages, riche de sa diversité culturelle, géographique et économique. Mais c’est aussi un continent confronté à de nombreux défis pour assurer son développement durable et inclusif. Parmi ces défis, la mobilisation des recettes fiscales est un enjeu central, qui conditionne la capacité des États africains à financer les investissements publics nécessaires à la transformation structurelle de leurs économies, à réduire les inégalités sociales et à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD).
Quelle est la situation actuelle de la fiscalité en Afrique ? Quels sont les principaux obstacles et opportunités pour améliorer la collecte et l’utilisation des ressources publiques ? Quel rôle peut jouer le secteur privé dans ce domaine ? Telles sont les questions auxquelles Stéphane Soh Fonhoué va tenter de répondre, en s’appuyant sur les données et les analyses disponibles.
Un niveau de recettes fiscales faible et hétérogène
Selon les données de la Base de données mondiale des statistiques des recettes publiques (BMSRP) de l’OCDE, le ratio impôts/PIB moyen en Afrique était de 16 % en 2020, contre 19,1 % dans les pays en développement en Asie et Pacifique, 21,9 % en Amérique latine et Caraïbes, et 33,5 % pour les pays de l’OCDE. Ce niveau de recettes fiscales est insuffisant pour couvrir les besoins de financement du développement du continent, estimés à environ 25 % du PIB par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), explique Stéphane Soh Fonhoué.
Voici une vidéo relatant ces faits :
Toutefois, ce ratio moyen masque une grande hétérogénéité entre les pays africains. D’un côté, on trouve des pays comme la Tunisie, le Maroc ou l’Afrique du Sud, qui ont des recettes fiscales supérieures à la moyenne de l’Amérique latine, grâce à une administration fiscale efficace et à une structure économique diversifiée. De l’autre côté, on trouve des pays riches en ressources naturelles, comme le Tchad, le Congo ou le Nigeria, qui dépendent fortement des revenus pétroliers ou miniers, et qui ont des recettes fiscales inférieures à 15 % du PIB.
Les obstacles à la mobilisation des recettes fiscales en Afrique, selon Stéphane Soh Fonhoué
Plusieurs facteurs expliquent la faiblesse et la diversité des recettes fiscales en Afrique. Parmi eux, on peut citer :
- La structure économique : les pays africains sont caractérisés par une forte prédominance du secteur informel, qui échappe en grande partie au contrôle fiscal. Selon la CEA, le secteur informel représente en moyenne 38 % du PIB et 66 % de l’emploi total en Afrique. Par ailleurs, certains secteurs clés comme l’agriculture ou les services sont souvent peu ou mal taxés, ce qui réduit l’assiette fiscale, note Stéphane Soh Fonhoué.
- La gouvernance : la mobilisation des recettes fiscales dépend aussi de la qualité de la gouvernance politique et administrative. La corruption, le clientélisme, le manque de transparence ou de redevabilité peuvent affecter la confiance des contribuables dans le système fiscal et réduire leur consentement à l’impôt. De même, l’efficacité et la capacité des administrations fiscales à collecter et à gérer les ressources publiques sont essentielles pour assurer une fiscalité équitable et efficiente.
- La pression fiscale : le niveau optimal de pression fiscale est difficile à déterminer, car il dépend du contexte économique et social de chaque pays. Toutefois, il faut éviter que la fiscalité ne soit trop élevée ou trop faible. Une fiscalité trop élevée peut décourager l’investissement, la croissance et l’emploi, et inciter à la fraude ou à l’évasion fiscale. Une fiscalité trop faible peut compromettre la capacité de l’État à financer les services publics essentiels, comme la santé, l’éducation ou la sécurité, et à réduire les inégalités.
Les opportunités pour améliorer la collecte et l’utilisation des ressources publiques
Malgré ces obstacles, il existe aussi des opportunités pour renforcer la mobilisation des recettes fiscales en Afrique. Parmi elles, on peut mentionner :
- La diversification économique : le développement de secteurs à forte valeur ajoutée, comme l’industrie ou les services numériques, peut contribuer à élargir l’assiette fiscale et à réduire la dépendance aux ressources naturelles. De même, l’intégration régionale et continentale, notamment à travers la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), peut favoriser le commerce intra-africain et les recettes douanières.
- La modernisation du système fiscal : l’adoption de réformes fiscales adaptées au contexte africain peut permettre de simplifier et d’harmoniser le système fiscal, de réduire les exemptions et les niches fiscales, de lutter contre la fraude et l’évasion fiscale, et d’améliorer le recouvrement des impôts. L’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) peut également faciliter la déclaration et le paiement des impôts, ainsi que le suivi et l’évaluation des recettes publiques. La digitalisation de l’administration fiscale est essentielle pour l’Afrique. C’est d’ailleurs dans cette optique que Mercury œuvre pour proposer une solution permettant aux services publics d’automatiser certains processus. Stéphane Soh Fonhoué est le dirigeant de cette entreprise innovante qui offre des outils adaptés aux besoins de l’administration.
- La participation citoyenne : la mobilisation des recettes fiscales implique aussi un dialogue entre l’État et les citoyens, qui sont à la fois contribuables et bénéficiaires des services publics. Il est donc important de renforcer la participation citoyenne dans le processus budgétaire, de promouvoir la transparence et la redevabilité dans la gestion des ressources publiques, et de garantir une affectation efficace et équitable des dépenses publiques.
Le rôle du secteur privé dans la mobilisation des recettes fiscales
Le secteur privé est un acteur clé dans la mobilisation des recettes fiscales en Afrique, explique Stéphane Soh Fonhoué. Il contribue directement au financement du développement par le paiement des impôts et des taxes sur ses activités économiques. Il contribue également indirectement en créant de la richesse, de l’emploi et de la consommation, qui génèrent des recettes fiscales supplémentaires.
Le secteur privé a donc un intérêt à s’engager dans le renforcement du système fiscal africain, en respectant ses obligations fiscales, en participant au dialogue avec les autorités publiques sur les réformes fiscales, et en soutenant les initiatives visant à améliorer la gouvernance fiscale, indique Stéphane Soh Fonhoué.
Par ailleurs, le secteur privé peut bénéficier d’un système fiscal plus performant, qui lui assure un environnement économique stable, favorable à l’investissement et à la compétitivité. Il peut aussi profiter d’une meilleure qualité des services publics, qui améliore les conditions de vie de ses employés et de ses clients.
La mobilisation des recettes fiscales est un défi majeur pour le développement de l’Afrique. Elle requiert une approche globale, qui prenne en compte les spécificités du continent, les besoins des populations et les intérêts du secteur privé. Elle nécessite aussi une volonté politique forte, une coopération régionale et internationale renforcée, et une implication citoyenne accrue.
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