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Crise ukrainienne : quel impact sur l’immobilier commercial ? 

Frédéric Chapuis

Frédéric Chapuis – Alors qu’on croyait que la crise sanitaire serait la pire situation que le monde aurait à traverser durant cette décennie, la Russie attaque l’Ukraine. Les conséquences se font déjà sentir et le secteur de l’ immobilier commercial n’est pas en reste. Découvrez comment réagit ce marché à la nouvelle crise et les éventuelles répercussions si la situation se prolonge.

L’immobilier commercial : un secteur déjà redessiné par deux années de crise sanitaire

Le monde a été frappé de plein fouet par la pandémie du Covid-19. Les périodes de confinement et la distanciation sociale ont entrainé une baisse de la fréquentation des lieux de commerce. L’absence de touristes a également aggravé cette situation. Les surfaces alimentaires ont pu enregistrer une importante affluence à chaque réouverture. Mais on ne peut pas en dire de même pour le commerce spécialisé qui a connu une baisse de 18 % au profit des ventes en ligne. Les entreprises ont aussi dû s’adapter à la crise en privilégiant le travail à distance.

Les bailleurs ont été fortement affectés par ces fermetures prolongées. Les milliers de mètres carrés de magasin et de bureaux désertés ont laissé un gout amer chez ces professionnels de l’immobilier commercial. L’année 2020 fait certainement partir de l’une des moins favorables au secteur. On y a enregistré une baisse de 45 % de prises à bail.

Depuis, de nouvelles tendances se sont dessinées. Les professionnels développent de nouvelles approches afin de mieux s’adapter à l’évolution des besoins. Des options comme l’occupation partielle ou la sous-location sont devenues de plus en plus fréquentes. On propose certes des surfaces plus réduites, mais mieux exploitées. C’est dans ce contexte que se déclenche la crise ukrainienne dont on commence à peine à découvrir l’impact sur l’immobilier commercial.

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Frédéric Chapuis : “Les premiers effets sur l’immobilier commercial se font ressentir”

La guerre en Ukraine est source d’inquiétude aussi bien du côté des investisseurs que celui des consommateurs. Cette situation s’explique par le ralentissement de la croissance économique en Europe et la baisse du pouvoir d’achat. La baisse du revenu des entreprises joue sur leur solvabilité. Ils peuvent toutefois encore reporter cette pression sur le prix de leurs produits.

Une autre conséquence à prendre en compte est la disparition de l’activité immobilière des Russes sur le territoire. Même s’ils n’influençaient que faiblement ce marché, le départ des grandes enseignes russes se fait tout de même sentir. Les sanctions infligées à la Russie ont également de lourdes conséquences sur le cout des rénovations. Il ne faut pas oublier que ce pays se classe en tant que deuxième producteur d’aluminium. Et tout comme on le constate avec le pétrole et le gaz, le prix des matériaux de construction commence à enfler. Cette situation touche notamment les grillages, les tiges utilisées pour le béton armé et les fenêtres.

Pour finir, cette crise a un impact avéré sur le moral des acteurs de l’immobilier commercial. Pour venir à bout de la pandémie, il fallait de la discipline et de la patience. Mais l’issue et les conséquences de ce conflit sont beaucoup plus difficiles à prédire. Par ailleurs, les images de bâtiments détruits et de morts freinent les ardeurs des grands patrons, sensibles aux changements géopolitiques. On peut donc comprendre l’hésitation et la méfiance dont les entreprises et les professionnels de l’immobilier font preuve.

À quoi faut-il s’attendre par la suite ?

La moitié de l’acier et de l’aluminium utilisés dans la construction provient des usines russes et ukrainiennes. Avec l’augmentation du prix des matériaux de construction et la rupture des chaines logistiques, on tend vers un arrêt des chantiers. Si la situation se prolonge, on assistera dans le meilleur des cas à un retard des chantiers et à la hausse Alors qu’on croyait que la crise sanitaire serait la pire situation que le monde aurait à traverser durant cette décennie, la Russie attaque l’Ukraine. du cout de l’immobilier neuf. Les petites entreprises auront de plus en plus de mal à suivre l’évolution du loyer et devront appliquer d’importantes coupes budgétaires. Il faudra également prendre en compte l’amplification de l’inflation et la crise économique de plus en plus oppressante. Le marché pourrait aussi être ralenti par l’augmentation du taux d’emprunt. Enfin, la hausse des charges entrainera la baisse de la rentabilité locative chez les investisseurs.

Frédéric Chapuis : quelles sont les tendances pour 2022 ?

Cette situation géopolitique pourrait renforcer les tendances enregistrées suite à la crise sanitaire. Les immeubles multi-usages susceptibles de servir à la fois de bureaux, d’hôtels ou de lieux de restauration seront très recherchés. De plus, le cout de l’entretien incitera à une meilleure gestion de l’espace. La hausse du prix de l’immobilier obligera les entreprises, en particulier les PME à opter pour des solutions plus avantageuses comme la sous-location. On notera aussi une baisse du nombre de constructions et une flambée du prix de l’immobilier neuf. Avec la baisse de la rentabilité, les investisseurs pourraient attendre la fin de la crise afin de faire un retour dans de meilleures conditions.

L’immobilier commercial se remet à peine de la pandémie du Covid-19 et les premiers effets de la crise ukrainienne sont loin d’être favorables. Mais les répercussions exactes de ce conflit sont encore difficiles à prévoir.

Frédéric Chapuis, investisseur dans l’immobilier commercial en France et au Luxembourg.

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